Le Yémen déchiré : quand deux banques centrales alimentent les tensions et défient la stabilité économique
Une économie en chute libre
Imaginez un pays où la monnaie perd 88% de sa valeur en moins d’une décennie. C’est la réalité du Yémen depuis le début de sa guerre civile en 2014. Le riyal yéménite, autrefois stable, a plongé face au dollar, entraînant une inflation galopante et une récession douloureuse pour les habitants.
La principale source de revenu, le pétrole, dont les exportations sont suspendues depuis octobre 2022, ne fait qu’exacerber la situation. Les conséquences sont dramatiques : une inflation annuelle de plus de 20% et un PIB en baisse de 2% l’année dernière selon le Fonds monétaire international.
Deux banques centrales, deux politiques monétaires
Le Yémen est aujourd’hui un pays scindé en deux. Chaque partie du pays soutient sa propre banque centrale, chacune battant sa monnaie et fixant son taux de change. Dans la zone gouvernementale, un dollar équivaut à près de 1800 riyals, tandis que dans la région contrôlée par les Houthis, il vaut théoriquement 530 riyals.
Cette divergence montre non seulement les profondes divisions politiques mais aussi les luttes de pouvoir autour de la gestion financière. Les Houthis prétendent ainsi mieux préserver le pouvoir d’achat des citoyens, tandis que le gouvernement d’Abdrabbo Mansour Hadi dénonce des manipulations monétaires engendrant corruption et trafics.
Les implications d’une division monétaire
Le gouvernement du président Hadi à Aden a tenté de centraliser les opérations bancaires en exigeant le retour des activités bancaires de Sanaa. Cependant, certaines banques ont choisi de ne pas suivre cette directive, accentuant encore la scission. Cette division a des répercussions directes sur la vie quotidienne des Yéménites, avec des taux de change variés et une incertitude financière constante.
L’introduction d’une nouvelle pièce de 100 riyals par la banque centrale des Houthis a été perçue comme une hérésie par Hadi, critiquée également par la communauté internationale pour son effet potentiellement déstabilisateur. Cette mesure illustre bien comment la guerre monétaire peut aggraver le chaos dans un pays déjà en proie à de nombreux conflits.
Ce qu’il faut retenir:
- L’effondrement du riyal yéménite et l’impact économique de la guerre civile.
- Les divergences entre les deux banques centrales et leurs politiques monétaires conflictuelles.
- Les conséquences directes de ces divisions sur le quotidien des habitants du Yémen.
Ainsi, dans un contexte où même la monnaie devient un champ de bataille, les Yéménites se retrouvent pris en étau entre deux forces qui, au lieu de stabiliser l’économie, alimentent le conflit et la précarité. Le chemin vers un Yémen unifié et économiquement stable semble encore long et semé d’embûches.